La vie moderne que Tati nous montre à travers ses films n'est pas aussi belle qu'on pourrait le croire. Et pourtant il est vrai que ses grands bâtiments de verre, ses maisons design et ses gadgets high tech pourraient nous faire miroiter l'image d'une nouvelle ville, plus grande et plus belle..
Pour le réalisateur il en est autrement et cette modernité cache quelques vices..

Difficile de s'y retrouver et par conséquent de se faire un chemin. Et pourtant il suffirait de suivre les flèches sur le sol..
Plus de place pour la pensée libre, il faut suivre les lignes et ne pas dévier. Quitte à ce que notre comportement et nos actes deviennent totalement illogiques
Plus de place pour la pensée libre, il faut suivre les lignes et ne pas dévier. Quitte à ce que notre comportement et nos actes deviennent totalement illogiques
On a alors devant nous un monde oppressant : oppressant de bruit à l'extérieur, de silence à l'intérieur, oppressant par cette foule qui semble ne suivre qu'une et une seule direction, oppressant de similitude, de neutralité...
Cette neutralité se retrouve également au niveau des couleurs, des tons qui s'étendent à une unique palette de gris, noir, blanc..les couleurs manquent. Comme la vie. Que ce soit dans les bureaux de travail où les hommes d'affaire portent tous les mêmes complets gris, les femmes les mêmes jupes longues et étroites, ou bien au sein même de la maison. La Villa Arpel par exemple est entièrement blanche, comme immaculée. Mme Arpel, maniaque de la propreté porte d'ailleurs chez elle une combinaison qui lui donne l'air d'une infirmière dans un hôpital.
Il est plaisant par contre de voir revenir les couleurs, les bruits de la vie, les rires, les éclats de voix, dans le petit bourg de Mon Oncle. Ou bien encore dans le village de Jour de fêtes.
Dans ces endroits, Tati y met la vie, la vraie, la simple. Celle des petites gens. La vie dans laquelle il est agréable d'aller se boire un godet entre amis ou de manger un gros beignet à la confiture à la sortie de l'école.

Et pourtant, malgré que tout soit bien défini, on a plutôt l'impression que ça tourne pas rond dans cette vie moderne.
Nous pouvons alors penser à Mme. Arpel mettant en marche son jet d'eau lorsque quelqu'un sonne à son portail. Mais l’éteignant aussi sec lorsqu'elle s’aperçoit finalement qu'il ne s'agit que de son frère Hulot. Une façon certainement de prouver une supériorité matérielle et donc sociale qui est censée éblouir.
On voit à sa démarche comme allégée de tout appréhension, qu'Hulot quant à lui préfère amplement monter les trois étages tarabiscotés de son vieil immeuble, alors bien plus original et convivial que la villa Arpel, symbole de l'habitat stéréotypé et déshumanisé.
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